Un tchèque entre la France et l’Italie - La Gazette Drouot

Jan Zrzavy (1890-1977)
Jan Zrzavy (1890-1977)
Vue de Venise et du dôme de San Salvatore, 1937

Jan Zrzavy est l’une des grandes figures de la peinture tchèque du XXe siècle. S’il effectua l’essentiel de sa carrière à Prague – le peintre à la barbe blanche et au béret noir est devenu une image incontournable du quartier de Mala Strana près du château –, il réalisa plusieurs séjours en France durant l’entre-deux-guerres. Il y vint ainsi vers ses 16 ans, puis plus longuement en 1924 et à plusieurs autres reprises dans les années 1930. C’est à cette époque que le jeune artiste fut hébergé au domicile parisien du professeur d’économie Édouard Dolléans (1877-1954). En remerciement, il lui offrit trois toiles, conservées jusqu’à ce jour dans la succession de l’historien du socialisme. La première, en date de 1932, représente une Vue du port de Camaret (45 x 56 cm). Estimée 25 000/30 000 €, elle évoque le lien très particulier entre la Bretagne et Jan Zrzavy. Il fut en effet invité par des amis tchèques installés dans cette région, dont il rêvait depuis l’enfance. Une véritable colonie d’artistes de son pays s’y rendait régulièrement, parmi lesquels Frantisek Kupka ou Toyen. Zrazvy a concentré ses compositions sur les vues de ports isolés, ici Camaret-sur-Mer dans le Finistère, travaillant sur les profils acérés des coques des bateaux dans une touche synthétique, servie par un dessin net et des couleurs translucides : un style qui offre une atmosphère presque métaphysique à ses œuvres. Grand paysagiste, le peintre a laissé de nombreuses vues de sa Bohême natale ainsi que de France et de Grèce, mais aussi d’Italie, comme en témoigne cette Vue de Venise et du dôme de San Salvatore de 1937. La cité des Doges lui a inspiré des compositions aux élégantes lignes architecturales, auxquelles il confère grâce à la détrempe diluée une certaine irréalité. Avec la Vierge à l’Enfant à la tempera sur toile (35 x 27 cm, 10 000/15 000 €) - offerte le jour de l’an 1930 par l’artiste à l’épouse de Dolléans, Edulphie Adèle Marcelle Loye (1877-1957) –, on aborde une autre thématique chère au peintre, celle de la religion. Très croyant, Zrzavy laisse ici une vibrante icône, image de son amour spirituel, mais aussi de son attrait pour la Renaissance.

MARDI 15 AOÛT, CANNES. BESCH CANNES AUCTION OVV. M. BIRR

LA GAZETTE DROUOT N° 29 DU 21 JUILLET 2023 page 107

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