"Les Lalanne en vedette chez Besch" - Le Figaro

François Xavier & Claude LALANNE
François Xavier & Claude LALANNE
"Main de Roman", 1993

Avec cette main en bronze, la maison Besch a de l’or entre les doigts. La "Main de Roman", sculpture en bronze signée Lalanne représentant un oiseau dont les formes épurées contrastent avec les lignes de la main sur laquelle il s’est posé, sera la pièce vedette de la vente du 15 août. Depuis plusieurs années, les créations empreintes de poésie surréaliste du couple de sculpteurs français séduisent les plus prestigieux collectionneurs. Parmi leur bestiaire, leurs célèbres Mouton sont d’ailleurs devenus des habitués de la maison de vente cannoise.

En 2011, deux spécimens étaient partis à des prix records (239120 euros) et, l’année suivante, un troupeau composé de deux moutons et de deux brebis totalisait 367220 euros. Le 15 août 2014, un troupeau de deux Mouton transhumant a été acquis pour 169425 euros.

Une année, Bernard Arnault et François Pinault s’en étaient même disputé un, et, en 2012, l’un d’eux a été adjugé 164700 euros. Estimée entre 28000 et 35000 euros, la sculpture réalisée conjointement en 1993 par feu le couple Claude et François-Xavier Lalanne est cette année plus abordable. «J’aimais bien l’objet,confie le commissaire-priseur, Jean-Pierre Besch. C’est une œuvre poétique et élégante, avec ce petit côté intellectuel qui représente bien cette période du XXe siècle que j’aime tant. »

Aux côtés des 357 tableaux, sculptures et objets d’art déco présentés à la vente intitulée «Des impressionnistes aux contemporains», une autre œuvre est particulièrement attendue au traditionnel hôtel Martinez, sur la Croisette. La Femme à la harpe, attribuée à l’artiste croate Ivan Mestrovic (1883-1932), est estimée entre 25000 et 30000 euros. Le charme de ce panneau de bois de la première moitié du XXe siècle ne vient pas seulement de l’élégance de la silhouette en S de cette femme tout en rondeurs. Pour Jean-Pierre Besch, ce panneau sculpté en haut relief "est au cœur de la fonction de commissaire -priseur".

"Mettre les œuvres en valeur"

Après qu’un collectionneur privé lui a demandé une estimation de l’œuvre, la maison de vente entame un important travail de recherche. Il s’achèvera par une bonne surprise. Deux variantes, en marbre et en bronze, permettent d’attribuer le panneau de bois à Ivan Mestrovic. «J’adore tout ce travail de recherche sur une œuvre pour essayer de lui trouver un pedigree, une histoire, jusqu’à ce qu’un expert puisse dire “on peut l’attribuer à un artiste”. » Cet artiste, dont Rodin dira qu’il est «le plus grand sculpteur de tous les temps», est un des noms les plus importants de la sculpture croate. De quoi séduire, une nouvelle fois, les amateurs d’art du monde entier.

Certaines œuvres du catalogue ont toutefois une estimation bien plus élevée. Une huile de Jilali Gharbaoui est par exemple estimée à plus de 70000 euros. Mais, pour Jean-Pierre Besch, l’intérêt d’une œuvre ne se résume pas à sa valeur. Une conception du métier de commissaire-priseur qui participe aussi à sa longévité. Car, jeudi, il frappera son marteau pour la trentième année consécutive, ce qui n’était pas assuré à ses débuts.

En 1989, ce passionné d’art contemporain devait se démener pour attirer des clients dans cette ville loin de la capitale. S’il a connu rapidement le succès avec ses ventes de vin, il a dû innover pour se démarquer en matière d’art. Le commissaire priseur a été un des premiers à joindre une photo de toutes les œuvres présentées dans son catalogue de vente, ce qui est désormais une pratique répandue. Et, au fil du temps, il a réussi à faire de son éloignement un atout. «Pour marquer notre différence, nous avons placé nos ventes hors des périodes de ventes traditionnelles et à dates fixes : le 15 août, à Pâques, à la mi-juillet et fin décembre», explique-t-il. Aujourd’hui, ces dates sont presque devenues une tradition. «De nombreux artistes du XXe siècle ont effectué un séjour sur la Côte d’Azur», ajoute-t-il. Une aubaine pour celui qui aime avant tout «mettre en valeur les œuvres», et dont la maison, désormais classée 27e sur le marché de l’art mondial, est devenue incontournable au mois d’août.

PIERRE MOREL - pmorel@lefigaro.fr

Les documents :

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