Robert Combas à Cannes : "Moteur!" - La Gazette Drouot

Robert Combas
Robert Combas
Et si Luis avait remplacé Walt Disney ?

Au premier coup d’œil, on aura reconnu son style inimitable, fait de couleurs stridentes et de cernes noires. En revanche, l’analyse du sujet traité s’avère beaucoup plus complexe… Heureusement, le titre complet de cette composition foisonnante de Robert Combas est là pour éclairer le spectateur sur les intentions de l’auteur : Et si Luis avait remplacé Walt Disney ? Luis Buñuel cartonnerait s’il avait fait des dessins animés déconnectés. Miké Nické, Tome (de Savoie) et Jary (Alfreda). Titin le jeune Belge…tout çà, c’est du cartoon surréaliste. Ce commentaire nous donne en effet quelques clés pour décrypter une œuvre où les références au 7e art se bousculent !

Sur la toile, peinte en 2007, Combas convoque des stars du grand écran, et en premier lieu, l’illustre réalisateur Luis Buñuel, représenté de manière – presque – réaliste en plein tournage, assis derrière sa caméra, un peu à la manière d’un cliché de magazine. Face à lui s’enchevêtrent les personnages de dessins animés : Mickey, le duo Tom et Jerry, ainsi que Tintin, dont les figures dansantes s’accompagnent de calembours équivoques et autres manipulations langagières propres à l’artiste. Une fois de plus, l’univers rock’n’roll de Combas puise son inspiration dans une culture populaire portée par la bande dessinée, la télévision ou, comme ici, le cinéma. L’œuvre, cependant, n’est pas l’une de ses productions isolées mais s’inscrit dans une monumentale série, réalisée à l’occasion d’un événement cannois.

Hommage iconoclaste au cinéma

En 2007, date de réalisation de Et si Luis avait remplacé Walt Disney ?, Combas est invité à célébrer le Festival de Cannes (qui vient de souffler sa 61e bougie) à travers une grande exposition. Intitulée «Cinéphage à gogo», tenue au Centre d’art La Malmaison, sur la Croisette, du 7 juillet au 25 novembre, elle se présente comme une fresque imaginaire, dont les toiles évoquent les films les plus célèbres de l’histoire du cinéma, leurs stars et metteurs en scène légendaires…mais à la façon du peintre : burlesque, voire sarcastique. Divisée en trois parties distinctes, cet accrochage thématique s’ouvrait sur une sorte d’hommage aux réalisateurs contemporains, de Godard à Almodovar, à travers une série de portraits peints à l’acrylique sur des taies d’oreiller. Suivait un cycle impressionnant de grands tableaux montrant des tournages par des maîtres tels que Jean-Pierre Melville, sur le plateau du Samouraï, Charlie Chaplin, sur celui du Dictateur, Luchino Visconti, dirigeant Le Guépard, ou – nous y voici – l’auteur du Chien andalou et de Tristana. Ensuite, on pouvait admirer, brossés sur des toiles de sac, des projets d’affiches pour polars fictifs, bourrés de revolvers et de poignards, à l’image d’un Cassage de gueules supposé être interprété par Jean-Claude Van Damme…

De quoi ravir les cinéphiles, ainsi que les admirateurs inconditionnels de Combas, comme Guy Pieters. C’est dans la galerie de celui-ci, à Saint-Paul-de-Vence, qu’un grand collectionneur cannois devait acquérir l’œuvre aux accents buñuéliens, pour en savourer toute la fantaisie, avant de s’en séparer aujourd’hui.

Robert Combas (né en 1957), Et si Luis avait remplacé Walt Disney ? […], 2007, technique mixte sur toile, 200 x 205 cm (détail) - Estimation : 120000/150000€

Lot 186 de la vente du 30 Décembre à 14h30

Philippe DUFOUR - La gazette Drouot N°45 du 15 Décembre 2023 p.27

Les documents :

Tableaux74XX° siècle72
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