Le prolongement de l'artiste - La Gazette Drouot

Hans HARTUNG 1904-1989
Hans HARTUNG 1904-1989
T1980-E 26, 1980

Le propriétaire de ce tableau, aujourd’hui âgé de 85 ans environ, fut un proche de Hans Hartung durant les cinq dernières années de sa vie. Vivant dans la région cannoise, il a beaucoup partagé avec le peintre, notamment une passion pour l’art. Peu avant la mort de l’artiste, ils s’étaient mis d’accord sur l’achat de deux œuvres. Notre collectionneur avait eu le temps d’en choisir une mais pas la seconde quand Hartung s’est éteint, le 7 décembre 1989. Ainsi, c’est auprès de la succession Hans Hartung qu’il a acquis celle-ci, qu’il connaissait déjà parfaitement depuis des années. Un courrier de l’administrateur judiciaire de la succession en date du 8 juin 1990, accompagné d’un certificat d’authenticité, confirme ces circonstances.

Depuis, cette grande composition, témoin d’une tranche de sa vie, n’a pas quitté les murs de sa demeure. « Cette œuvre est passionnante par sa capacité à illustrer une synthèse de la carrière de Hans Hartung », explique Me Besch, le commissaire-priseur de la vente. Un rare fond rouge, vif et hypnotique, des gestes emblématiques, son coup de brosse tel un relevé sismique du début de sa carrière et, de l’autre côté, les marques acérées des coups de balai de genêts, typiques de l’ultime période de sa création : tels sont les atouts de cet acrylique. «Quant à moi, je veux rester libre. D’esprit, de pensée, d’action. Ne pas me laisser enfermer, ni par les autres ni par moi-même», déclarait l’artiste en 1976 dans son ouvrage, Autoportrait. Dès l’année suivante, il commence, de manière comme toujours expérimentale, à inventer de nouveaux outils, tel le balai de branches de genêts trempé dans la peinture, qu’il frappe contre la toile, le pistolet à air comprimé, la sulfateuse à vigne revisitée ou la serpette, variant ainsi les empreintes laissées sur la surface : une nouvelle étape de sa quête du geste libre, instinctif et créateur.

L’année 1980 est tout particulièrement consacrée à ces grands balais de genêts, qui s’inscrivent dans la continuité de ses brosses usées et de ses pinceaux chinois, de ses grattages des années 1960. Il les confectionne à partir des arbres de son jardin d’Antibes, tout à côté de son atelier ouvert sur la nature. Le Cytisus scoparius ou « genêt à balai » était anciennement utilisé pour cette fonction, et donc intimement lié à la sorcellerie. Une référence symbolique qui ne pouvait que plaire au magicien Hartung.

Hans Hartung (1904-1989), T 1980-E 26, 1980, acrylique sur toile, numéro d’inventaire sur le châssis, 92 x 150 cm. Estimation : 140000/160000€

Lot 175 de la vente du 30 Décembre à 14h30

La Gazette Drouot N°45 du 15 Décembre 2023 p.123

Les documents :

Tableaux74XX° siècle73
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