Le retour de la femme ! La Gazette Drouot

Léopold Survage (1879-1968)
Léopold Survage (1879-1968)
La Marchande de poissons, 1933

Bleu, jaune, blanc et vert dansent en ellipse pour construire cette composition habitée d’éléments tronqués ayant force de symboles. Il s’agit pour l’artiste d’évoquer la figure de "La Marchande de poissons" avec là le bleu de la mer, ici les murs blancs des maisons catalanes, là encore deux ailes rappelant l’appétit des mouettes et ce rond jaune pour signifier l’appartenance solaire de cette terre. Son portrait par Modigliani, au-delà de l’élongation caractéristique donnée à ses modèles par le peintre de Montparnasse, montre un homme élégant à la fine moustache mais surtout au regard pénétrant d’un bleu translucide.


Leopold Survage La marchande de poissons

Léopold Survage (1879-1968),"La Marchande de poissons",1933, huile sur toile, 56 x 36 cm - Estimation : 25000/30000€


Léopold Frédéric Stürzwage, connu sous son nom francisé, Léopold Survage, a justement porté sur l’art de son siècle un regard singulier, habité à la fois par le cubisme et le surréalisme, empruntant doublement à l’abstraction et à la figuration. Nourri de références variées, puisées dans les légendes de sa jeunesse et les mouvements avant-gardistes russes, assoiffé de modernité et d’effervescence artistique, il peut à peine, installé à Paris en 1909, travailler et présenter dès le Salon des indépendants de 1912, sa série des « Rythmes colorés ». Son besoin constant de mouvement le pousse à vite s’ennuyer, même dans l’atelier de Matisse qu’il rêvait pourtant d’intégrer. C’est ainsi qu’il comprend que la seule voie possible pour lui sera la sienne propre. La guerre de 14-18 le mène jusqu’à Nice, où il retrouvera nombre de ses compatriotes. La découverte de la lumière méditerranéenne est un choc, il ouvre sa palette aux teintes pastel et entreprend de proposer des peintures d’un genre nouveau qu’il présente comme « une synthèse plastique de l’espace ». La toile est découpée en divers éléments qui se superposent et changent de fonction. Pour figurer un arbre, une feuille suffit, de même une porte va suggérer une maison. Puis ce sera Collioure à différentes reprises entre la fin des années 1920 et le début de la décennie suivante, la cité qui avait déjà tant séduit Derain, Martin, Signac et évidemment Matisse. Toujours prompt à se réinventer, il réintroduit la figure humaine dans ses tableaux, surtout la femme qui occupera désormais une place centrale. Il va la représenter dans ses diverses tâches du quotidien et dans ses métiers.

Cette "Marchande de poissons" de 1933 est un exemple parfait de son travail d’alors. Retrouvant la mer qui l’a vue naître, elle sera à pêcher à Cannes en plein été !

JEUDI 15 AOÛT. CANNES. BESCH CANNES AUCTION OVV

LA GAZETTE DROUOT N° 27 DU 5 JUILLET 2024, PAR ANNE DORIDOU-HEIM

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Tableaux82
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