Si Antoni Tàpies a suivi le chemin de l’abstraction dans les années 1950, il n’a pour autant jamais abandonné totalement le surréalisme. Chacune de ses peintures se compose de signes à la riche portée symbolique. Le premier d’entre eux est visible dans cette technique mixte de 1972 exposée en 1973 à New York, à la galerie Martha Jackson : la croix. Celle-ci apparaît dans son travail dès ses débuts, en référence aux nombreux cimetières qui s’érigèrent en Espagne après la guerre civile, puis partout en Europe après le conflit mondial. Devenue récurrente, elle devient aussi un symbole de résistance ou de mystère. L’artiste la forme à partir des deux «T» de Tàpies et de Teresa, prénom de sa femme. Des chiffres, des graffitis ou des lettres recouvrent ces toiles et créent un langage qui lui est totalement personnel. Autodidacte, Tàpies a fait des études de droit avant que de graves problèmes de santé ne le poussent à se remettre en question et à entrevoir l’importance de l’art et de la philosophie dans sa vie. Marqué par les croyances orientales et une spiritualité forte, il travaille avec la volonté de laisser parler la matière, de la laisser exprimer les souffrances de l’humanité. Pour lui, «chaque matériau a une charge expressive». C’est pour cela qu’il varie les techniques, manipule en profondeur les couleurs et n’hésite pas à ajouter des éléments extérieurs et non académiques à la peinture, avant même la naissance de l’arte povera.
Antoni Tàpies (1923-2012), Ocra, marro i blanc amb quatres, 1972, technique mixte sur bois signée au dos, 60 x 73 cm.
Estimation : 30000/40000€
© COMISSIÓ TÀPIES / ADAGP, PARIS, 2024
JEUDI 15 AOÛT, CANNES. BESCH CANNES AUCTION OVV.
LA GAZETTE DROUOT N° 29 DU 19 JUILLET 2024 page 102.