C’est du côté de la peinture du XXe siècle qu’il fallait chercher les plus beaux résultats de ces quatre jours de ventes cannoises, bien rangés derrière celui obtenu par une grande toile d’André Lanskoy, intitulée Clair comme le jour. 140970€ ont été prononcés le jeudi 15 août pour cette oeuvre brossée en 1959, où vibrent les tons d’une palette de bleus et de roses… Autre monstre sacré présent : Claude Monet, auteur d’un rare carnet d’études comprenant quatorze dessins et croquis, sur feuilles détachables (23 x 31 cm), ferraillé jusqu’à 95885€. Naturellement, il est bien référencé dans le tome V du catalogue raisonné par Daniel Wildenstein (n° D98, page 77).
André Lanskoy (1902-1976), Clair comme le jour, 1959
Toile signée, 97 x 195 cm
Adjugé : 140970€
Des paysages postimpressionnistes l’entouraient, comme deux tableaux d’Armand Guillaumin, l’un célébrant sa région favorite. Sa Rivière à Crozant (24 x 33 cm) a été vendue 58420€, tandis que Saint-Chéron, Ile de France des alentours de 1890 (54 x 65 cm) récoltait 32510€, prenant place bientôt dans le tome II du catalogue raisonné du peintre. En 1880, Eugène Boudin peignait Étaples, marée basse, une toile (36 x 58,5 cm) décrochée à 57150€ ; précisons que dans le catalogue raisonné consacré à l’artiste par Robert Schmit, il est répertorié dans le tome II (n° 1285). De Maurice Utrillo, on avait forcément La Rue Saint-Vincent – Le Lapin agile, fixés vers 1916, une huile sur carton (27 x 41 cm), à 38100€. Quant à Léopold Survage, il était l’auteur de La Danse, 7/11/40 (46 x 55 cm), vendue 33655€.
En revanche, sa Marchande de poissons, vue sur la couverture de la Gazette n° 27, n’a pas trouvé preneur. Le 16 août, les bijoux faisaient leur entrée, entraînés par une bague contemporaine en or blanc supportant un important diamant fancy yellow de 5,02 ct (pureté VS1), épaulé de diamants baguette (poids : 8,65 g). Elle était à votre doigt en échange de 48250€. Tandis qu’une paire de clips de revers des alentours de 1940, signée Cartier, en platine et or, stylisant chacun une fleur à cinq pétales, entièrement sertie de diamants baguette et taille ancienne (pour un total d’environ 18 ct), s’épinglait à 41900€.
114400€ étaient offerts, le jeudi 15 août, pour la Ferrari 599 GTB Fiorano, une voiture de sport grand tourisme (Gran Turismo Berlinetta). L’appellation «Fiorano» évoque le nom de la piste d’essais de la marque au cheval cabré, située près de Maranello. Avec ce bolide, Ferrari a réalisé la berlinette (voiture de sport deux-places) 12 cylindres de production la plus performante jamais développée à Maranello. Mise en circulation le 24 mars 2009, notre 599 GTB est le résultat d’une production démarrée en 2006, avec un restylage dévoilé au salon de Genève, trois ans plus tard.
Parmi les très beaux flacons présentés ici, comme chaque année, se détachait un assortiment de quatorze bouteilles du domaine de la Romanée-Conti au millésime 2005, en caisse. Il fallait donc débourser 65720€ pour goûter une romanée-conti, trois la-tâche, deux richebourg, trois romanéesaint-vivant, une grands-échezeaux, trois échezeaux et une montrachet. Le même assortiment de l’année 2003 nécessitait 41540€. Du côté des liqueurs, on pouvait se délecter d’un jéroboam de chartreuse verte des Pères Chartreux, édition limitée Carbone, mise en bouteille en 2019 (3100€).
Antoni Tàpies (1923-2012) a peint Ocra, marro i blanc amb quatres en 1972 (voir Gazette n° 29, page 102). Emblématique du travail du Catalan, tant sur les matières que par une palette aux teintes de terres, l’oeuvre se révèle être une technique mixte sur bois, signée au dos (60 x 73 cm). Pour la décrocher, on devait en offrir 54600€. Elle fut d’abord acquise à la Martha Jackson Gallery, à New York, en 1973, avant de gagner la Galleria d’Arte Moderna Ravagnan, de Venise. Ce tableau figure bien dans les archives de l’oeuvre complète de l’artiste, et affiche un certificat de la commission Tàpies.
Au département haute joaillerie, triomphait avec 82550€ un éblouissant bracelet par Cartier Paris, réalisé vers 1952 (l. 17,5 cm). En platine et or jaune, il s’agrémente de diamants de taille brillant pour environ 3 ct, de turquoises et de trois importantes améthystes, pesant respectivement 16,30, 11,10 et 10,50 ct. Quant à sa structure savante, elle fait appel à une anse tubulaire venant s’accrocher à l’important motif à décor de feuilles. Signalons encore la présence de la signature de la maison, un numéro et le poinçon de maître.
LA GAZETTE DROUOT N° 30 DU 30 AOUT 2024 pages 50 & 51
Cannes, mardi 13, mercredi 14, jeudi 15 et vendredi 16 août 2024
BESCH CANNES AUCTION OVV. MM. DE GARO, KUZNIEWSKI.